«C'est aujourd'hui que se décide le futur de l'Ukraine. Kiev, lève-toi ! Venez, tous, maintenant ou jamais» : l'appel est relayé en boucle par les manifestants, les partis d'opposition et les réseaux sociaux. Le pays s'est réveillé hier avec le choc de l'annonce de la première victime morte par balle, aux alentours de 8 heures du matin. Depuis, le visage de Serhiy Nihoyan, 30 ans, Ukrainien d'origine arménienne, diffusé sur la plupart des chaînes de télévision, est devenu le nouveau symbole du tournant dramatique qu'a pris l'EuroMaïdan, ce mouvement de protestation pro-européen et antigouvernemental qui agite l'Ukraine depuis plus de deux mois. En fin de soirée, le bilan officiel était passé à cinq morts, et plus de 300 blessés après toute une journée d'affrontements dans le centre de la capitale ukrainienne. Equipés de casques et de boucliers, utilisant massivement les gaz lacrymogènes, les policiers avaient donné l'assaut dès l'aube pour chasser les manifestants qui répondaient par des jets massifs de cocktails molotov.
«Lutte à mort». «On ne peut plus s'arrêter. Vous avez vu ce qu'ils sont capables de faire !» s'emporte Vitaliy, casque sur la tête, passe-montagne et masque médical sur le visage, batte de base-ball au poing. «Ce n'est pas comme si on pouvait rentrer chez nous, au chaud, quand on est fatigué. Ils viendront nous chercher, ils persécuteront nos familles. Nous sommes engagés dans une lutte à mort»,