C'est un slogan dramatique qu'ont repris en chœur des dizaines de femmes regroupées dans un même collectif, en face de l'ambassade de France, à Madrid, mercredi : «Avortement libre, sinon nous allons mourir.» Les visages étaient tristes, même si certaines espèrent que, d'ici à l'été, les mobilisations obligeront les autorités à corriger le tir sur le droit à l'avortement. «Le plus lamentable, témoigne Carolina Garcia, coordinatrice de ce collectif réunissant 250 associations, c'est de revenir quarante ans en arrière, et de devoir demander l'aide d'un pays voisin. Parce que, nous, aujourd'hui, nous nous sentons vulnérables.»
Que l’avortement cesse d’être un droit en Espagne, c’est le principal objectif d’un avant-projet de loi présenté fin 2013 par le très conservateur ministre de la justice, Alberto Ruiz-Gallardon. Etant donné que le parti au pouvoir, le Parti populaire, dispose de la majorité absolue au Parlement, l’affaire semble pliée. D’où, au milieu de la fureur d’une bonne partie du pays face à la prochaine suppression de l’IVG, l’initiative d’un collectif d'organisations opposées à la réforme : demander l'«asile sanitaire» à la France où ce droit est reconnu depuis la loi Veil de 1975.
Il s'agissait bien sûr d'un acte symbolique. Jeudi après-midi, cette plateforme baptisée «Decidir nos hace libre» (Décider nous rend libre) a remis une demande d'asile à l'ambassade de France à Madrid, située à deux pas de la porte d'Alcala et du parc du Retiro.