C’est la première visite d’Etat en Turquie d’un président français depuis celle qu’effectua il y a vingt-deux ans François Mitterrand, et l’exercice s’annonce délicat. L’arrivée au pouvoir des socialistes offrait pourtant une occasion de relancer les relations, après le quinquennat d’un Nicolas Sarkozy hostile à une intégration du pays à l’Union européenne (les négociations ont débuté en 2005). D’autant que la Turquie s’affirme en puissance régionale émergente aussi importante pour son rôle géostratégique que pour le dynamisme de son économie.
«A contretemps». Mais la visite de deux jours qui commence aujourd'hui semble pourtant à beaucoup d'intellectuels et de démocrates turcs se faire «à contretemps». Depuis la répression des manifestations, au printemps, la crédibilité du Premier ministre islamo-conservateur, Recep Tayyip Erdogan, et d'un «modèle turc» combinant islam, démocratie et croissance économique est sérieusement mise à mal. Depuis juin, aucun chef d'Etat ou de gouvernement d'un grand pays de l'UE ne s'est rendu à Ankara. Les choses ont depuis encore empiré. A trop avoir attendu, Hollande, accompagné de sept ministres et de nombreux hommes d'affaires, arrive dans un pays plongé dans une grave crise politique. «Notre gouvernement est dans une telle situation qu'il ne peut pas vraiment discuter de relations bilatérales et encore moins de questions régionales», soupire un ancien député du Parti de la justice et d