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Libération
Reportage

Kiev : «Le gouvernement a pris des otages»

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Depuis une semaine, de nombreux opposants sont arrêtés par la police. Certains sont jugés hâtivement, d’autres sont battus. D’autres encore disparaissent.
Plusieurs dizaines de milliers d'Ukrainiens rendent hommage au manifestant Yuri Verbytsky, à Lviv, le 24 janvier. (Photo AFP AFP)
publié le 26 janvier 2014 à 20h26

Mykhailo Gavryliuk porte la trace des coups sur son visage. Dans la Maison des syndicats, le quartier général des insurgés, sur la place de l'Indépendance, à Kiev, un silence de cathédrale accompagne l'homme qui a pris le micro. «J'essayais d'aider un manifestant cerné par des policiers quand ils m'ont pris, raconte cet ouvrier de 34 ans, venu de Tchernivtsi pour assurer la défense des barricades. J'ai été traîné dans la neige, puis frappé à coup de pieds et de bâtons. Ils m'ont ensuite déshabillé et ils m'ont demandé de me tenir debout sur un morceau de glace en criant "J'aime les Berkuts" [les forces spéciales, ndlr] Le 22 janvier, la vidéo de ces tortures commises par les hommes de la police spéciale est postée sur YouTube.

Quelques heures plus tard, alors que l'indignation et la colère se propagent comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux, Mykhailo Gavryliuk est finalement conduit à l'hôpital, puis pris en charge par des vétérans d'Afghanistan qui protègent les militants blessés des représailles de la police. «Je ne sais pas qui a pris ces images et qui les a diffusées sur Internet, note Bogdan Ovcharuk, du bureau ukrainien d'Amnesty international, mais cela laisse penser que certaines dissensions sont peut-être en train d'apparaître au sein des forces de l'ordre.» Depuis le début de la contestation populaire qui déstabilise l'Ukraine, une sale guerre se déroule dans l'ombre, faite de menaces, d'intimidations et d'