Un homme égorgé mais encore vivant : c’est la découverte qu’ont faite les forces françaises et burundaises qui ont procédé, hier après-midi, à l’évacuation des ex-rebelles de la Séléka qui se trouvaient au camp de Roux, QG de l’état-major militaire de Bangui. Situé un peu en hauteur de la capitale centrafricaine, sur le rond-point Giscard-d’Estaing, l’endroit bénéficie d’une vue majestueuse sur le fleuve Oubangui. Il abrite également la résidence présidentielle, construite par l’empereur Bokassa, où s’était installé Michel Djotodia, éphémère président porté au pouvoir par la rébellion en mars avant d’être débarqué le 10 janvier par les chefs d’Etat de la région réunis à N’Djamena. Avec ses meubles blancs rococo, son enfilade de pièces surchargées, la résidence affichait il y a quelques mois encore un certain faste, certes assez kitsch. Mais il n’en reste plus rien. Des détritus jonchent les pièces, un incongru string rose à dentelles gît, abandonné, dans le couloir, des cartes de visite sont éparpillées à côté de tiroirs renversés. Seuls restent dans l’entrée les canapés incrustés de faux diamants, certainement trop lourds à déplacer. Un vide étrange a soudain envahi ce palais d’hiver mis à sac.
Rideaux. Hier, l'évacuation du millier de rebelles encore retranchés dans ce bastion du pouvoir n'a pas pris plus de deux heures. Puis, devant le palais déserté, des hommes en treillis se sont précipités dans des fourgons et des taxis surchargés,