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Libération
Interview

«L’écrasante majorité des Tunisiens peuvent se reconnaître dans ce texte»

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Amira Yahyaoui a créé un observatoire des travaux de l’Assemblée constituante :
publié le 27 janvier 2014 à 20h26

Amira Yahyaoui, présidente de l’association Al-Bawsala, a monté un observatoire des travaux de l’Assemblée constituante. Et pose un regard mitigé sur le texte adopté dimanche.

Que pensez-vous de cette Constitution ?

Elle est à l’image de la Tunisie : schizophrène, avec des articles très bons et d’autres complètement rétrogrades. J’étais très positive jusqu’au dernier jour, mais l’article 6 gâche tout. On y a constitutionnalisé la limitation de la liberté d’expression. Cela montre l’amateurisme de l’opposition, qui a vendu nos libertés pour des raisons politiques.

Quelles sont les grandes avancées ?

Le vote de l’article 45, sur les droits des femmes, a été le plus beau moment. L’objectif de parité va permettre aux femmes rurales de s’imposer dans les conseils locaux élus. L’inscription de la liberté de conscience est un miracle. Il y a beaucoup d’autres dispositions positives : la décentralisation, la transparence… Les pouvoirs sont plutôt équilibrés. Nous avons eu peur pour le pouvoir judiciaire, mais finalement, c’est plutôt bien. Cette Constitution peut permettre à la Tunisie d’être une démocratie, si la classe politique et le peuple le veulent. Mais, comme dans beaucoup de pays, ça ne sera pas une démocratie totale. Il est bon que la rédaction ait duré aussi longtemps. C’est la première fois que les Tunisiens prennent le temps de discuter et on s’est rendu compte qu’on n’est pas tous d’accord. Ces trois ans ont été non pas une thérapie, parce qu’on n’est pas guéris, mais la première phase, celle qui permet de se découvrir. Finalement, on a réussi :