Menu
Libération
Livre numérique

Le problème Poutine

Article réservé aux abonnés
Pour l’opinion russe, Poutine a su restaurer l’orgueil national et améliorer le quotidien. Son autoritarisme affole les Occidentaux mais rien ne semble ébranler son pouvoir. Retour sur le parcours du nouveau tsar.
Vladimir Poutine lors de son investiture, au Kremlin, le 7 mai 2012. (Photo Alexey Druzhinin. AFP)
publié le 27 janvier 2014 à 10h08

A son arrivée au pouvoir, d’abord comme Premier ministre en 1999, puis comme président en 2000, Vladimir Poutine était un inconnu. Aujourd’hui, quinze ans et trois mandats plus tard, la Russie ne connait plus que lui. Qu’il pilote un avion de chasse, pose à cheval torse nu, commande un sous-marin, chasse l’ours ou le tigre, pêche un brochet de 20kg, terrasse un adversaire au judo, ou joue du piano, Poutine s’est bâti une image de surhomme, viril et sportif, et d’homme accompli, un idéal dont le but est de persuader les Russes que la patrie est dans de bonnes mains.

Adoubé par son prédécesseur, Boris Eltsine, Poutine se devait de faire oublier le côté sombre et gris qu’évoquait son passé d’espion du KGB dans cette Allemagne de l’est d’avant la chute du Mur. Il fut servi par les circonstances. Bon nombre de Russes s’étaient sentis ridiculisés par un Eltsine vieillissant, trébuchant à sa descente d’avion comme l’ivrogne cardiaque qu’il était devenu. Ils s’étaient crus trompés par un dirigeant finalement jugé mou de n’avoir pas pu - ou pas su - faire entendre la voix de la Russie contre l’Otan au Kosovo et d’avoir cédé devant les indépendantistes en Tchétchénie.

Poutine sera donc l'anti-Eltsine. Le concurrent et non l'ami des occidentaux, de Bagdad à Damas, en passant par Tbilissi ou Kiev, le champion de la puissance russe. Une phrase a suffi pour en faire aux yeux des hommes un nouveau héros russe : «J'irai buter les Tchétchènes jusque dans les chiottes». Aux femmes, il offre un