Quand le résultat s'est affiché, les députés et le public ont laissé éclater leur joie. Tard dans la soirée de dimanche, la Constitution tunisienne a été adoptée, par 200 voix sur 216. Ce score, bien supérieur aux 145 voix nécessaires, pulvérise toutes les projections. Soulagés, émus, les élus se sont tombés dans les bras, ont chanté et rechanté l'hymne national, ont juré «fidélité aux martyrs». La fête s'est prolongée dans les couloirs du palais du Bardo, dans une ambiance de troisième mi-temps, moment inédit de communion après deux années de tension permanente. «C'est fini, la Tunisie divisée en deux !» s'emballait l'élu d'opposition Chokri Yaïche, tandis que ses collègues entonnaient les chants de la révolution. «Après ces deux années de bagarre, nous avons enfin réussi à avoir une Constitution, qui n'est peut-être pas parfaite mais qui est démocratique», se félicitait l'élue Hasna Mersit, qui a défendu dans l'hémicycle l'abolition de la peine de mort - en vain. «Il nous reste beaucoup de travail pour concrétiser les principes», se projetait Latifa Habachi, députée islamiste.
Garde-fous. Dans cette Constitution, la religion n'a pas de valeur juridique. La Tunisie est un «Etat civil», est-il répété, même si «sa religion est l'islam», comme le précise l'article premier. Si le texte est truffé de références identitaires, il reconnaît aussi les «principes des droits de l'homme unive