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Libération
Reportage

A Bor, les ravages d’une bataille politique devenue conflit ethnique

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L’armée loyaliste du Soudan du Sud a repris la ville dévastée et désertée par les Nuers, pris pour cible car assimilés aux rebelles.
par Patricia Huon, Envoyée spéciale à Bor (Soudan du Sud)
publié le 28 janvier 2014 à 18h36
(mis à jour le 28 janvier 2014 à 18h36)

Après plusieurs semaines de combats, peut-être certains avaient-ils rêvé d’un accueil triomphal. Mais c’est dans une ville fantôme, vidée de ses civils, que les troupes de l’armée sud-soudanaise ont pénétré. Dans le centre de Bor, une ville qui comptait 30 000 habitants située à un peu moins de 200 kilomètres au nord de la capitale, Juba, la porte de chaque boutique est béante, l’intérieur pillé. Des boîtes de conserves, des bouteilles de bière vides, des vêtements sont éparpillés dans les rues. Une machine à coudre a été abandonnée devant la pompe d’une station-service, un corps se décompose un peu plus loin dans la poussière. Sous un arbre, des soldats dépècent une vache et font cuire quelques morceaux de viande sur le feu, d’autres jouent aux cartes, l’air las.

Pression. Les troupes gouvernementales ont repris les villes stratégiques de Bentiu, Bor, puis Malakal la semaine dernière. Jeudi, un cessez-le-feu a été signé à Addis-Abeba, en Ethiopie, entre la délégation envoyée par le Président, Salva Kiir, et celle représentant le vice-président limogé, Riek Machar, chef de l'opposition. Mais les deux camps font déjà état de violations de l'accord censé mettre fin aux hostilités. Chaque position reconquise permet de faire pression sur les pourparlers, où le langage de la guerre reste le meilleur des arguments.

Le convoi avance dans les rues désertes de Bor, plusieurs militaires postés à l'arrière de chaque pick-up, kalachnikov à l'épaule. U