Vous êtes ukrainien. Votre pays s’étend entre les frontières de l’Union européenne et de la Fédération de Russie. Vladimir Poutine fait tout pour l’intégrer à une union douanière et le réintégrer, par là, à un empire séculaire dont il s’est tout juste échappé. De ce côté-là, la dictature s’avance tandis que de l’autre, tout aussi proche, vous pourriez devenir membre, un jour lointain mais tout de même, d’un ensemble que définissent l’Etat de droit, la protection sociale et la démocratie.

Que faites-vous ? Vous faites ce que fait une majorité croissante d’Ukrainiens. Vous choisissez évidemment l’Europe. Vous le feriez car, entre ces deux choix, il n’y a pas photo mais peut-être serait-il alors temps qu’à la lumière de cette crise nous comprenions enfin, nous tous, les citoyens de l’Union, ce que nous aurions à perdre si elle se défaisait.

Ce n’est pas que la situation y soit rose. La protection sociale s’y amenuise. La démocratie n’y est certainement pas parfaite. Le chômage y est devenu chronique car nous nous sommes désindustrialisés. Les politiques menées par la majorité libérale, que nos votes ont mise en place, sont tout aussi aberrantes que les institutions européennes sont illisibles et obsolètes.

Tout cela n’est que trop vrai mais où y a-t-il mieux ? Bien sûr, pas en Afrique, mais pas non plus aux Etats-Unis. Certainement pas en Chine, en Russie ni dans aucun des grands pays émergents. Peut-être au Canada mais, fondamentalement, nulle part ailleurs, et la question n’est