Des roches arides aux dégradés de jaune entourent un plateau où se découpent les carrés vert sombre des cultures. «Les montagnes que vous voyez se détacher là devant vous, c'est la Jordanie. Notre moshav [village agricole, ndlr] se situe entre le village palestinien de Huja et la ville de Jéricho. Plus loin au sud, c'est la mer Morte», explique Yinon Rosenblum, plantant le décor dans lequel il vit depuis une trentaine d'années. Avec une poignée de jeunes familles, il a fondé ici, dans la vallée du Jourdain, le moshav de Na'ama. Ils y cultivent des plantes aromatiques, comme le basilic, des dattes, du raisin de table. Les deux tiers des produits agricoles israéliens proviennent de la région.
Dans cette plaine qui s'étend sur près d'une centaine de kilomètres, entre Beït Shéan (au sud du lac de Tibériade) et la mer Morte, 21 communautés agricoles ont été établies par Israël depuis l'occupation de la région en 1967. Aujourd'hui, environ 7 000 Israéliens et 10 000 Palestiniens vivent dans la vallée dont le territoire couvre 14% de la Cisjordanie. «On est venu parce qu'on voulait faire quelque chose de nouveau, par goût de l'aventure. C'est le gouvernement qui a choisi les endroits où nous installer, ils nous ont amené l'électricité et l'eau et, les premières années, on n'avait pas à payer la location du sol», explique Yinon. Il dit encore que la cohabitation avec les Palestiniens est paisible : «On emploie 6 000 Palestiniens et il n'y a pas de barri