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Libération
Interview

«Dans la répression actuelle, il y a une part de revanche du côté des policiers»

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Selon Stéphane Lacroix, spécialiste de la région, Al-Sissi n’est pas «le moteur des événements» :
publié le 30 janvier 2014 à 19h56

Stéphane Lacroix est professeur à Sciences-Po Paris et spécialiste du monde arabe. Il décrypte les nouveaux rapports de force à l’œuvre en Egypte.

Trois après la révolution, l’Egypte est-elle revenue à la case départ ?

L’appareil sécuritaire a été restauré et d’anciens responsables politiques de l’ère Moubarak ont repris leurs fonctions, cela pourrait faire penser à un retour à la case départ. Mais il me semble que la situation actuelle est pire encore. Sous Moubarak, il y avait une sorte d’équilibre entre la police, l’armée et l’élite politique. Aujourd’hui, l’opposition aux Frères musulmans a réconcilié l’armée et la police et cette dernière n’a jamais eu les mains aussi libres. Les hommes politiques présents dans le gouvernement n’ont aucun poids : soit ils adhèrent à la répression, soit ils se retrouvent marginalisés. Ils n’ont aucun contrôle sur l’appareil sécuritaire.

Comment expliquez-vous une telle violence ?

Il y a une double dimension. En premier lieu, le régime cherche à écraser les Frères musulmans et à empêcher toute contestation. Mais il y a aussi une dimension de revanche car, les policiers ont l'impression d'avoir été humiliés par la révolution du 25 janvier 2011 [date de la chute de Moubarak, ndlr]. C'est ce qui explique les nombreuses arrestations d'activistes libéraux ou de gauche. Cela n'obéit pas tant à une stratégie sécuritaire rationnelle qu'à une pulsion de vengeance. Dans l'esprit de certains, il s'agit d'en fin