Il n’est pas de reproche plus continuel à l’égard de l’Europe que le «déficit démocratique» dont elle est taxée. Par l’effet d’un des puissants paradoxes qui entourent la construction communautaire, ce reproche va à nouveau être l’un des fils rouges de la prochaine élection du Parlement européen à laquelle le taux d’abstention devrait atteindre un niveau inégalé ! Certes, à bien des égards, ce reproche est injuste, voire hypocrite.
En premier lieu, il sert à masquer un manque de réflexion d'ensemble sur la nature constitutionnelle de l'Europe. Construite à coup de traités rédigés en réaction à des événements historiques, synthèse de traditions juridiques distinctes, l'Europe est un objet sui generis qui échappe aux catégories constitutionnelles classiques. Au régime parlementaire, elle emprunte la responsabilité de la Commission devant le Parlement. Au régime présidentiel, elle doit son fonctionnement basé sur la collaboration de pouvoirs qui peuvent cohabiter sans direction politique commune. La fameuse «méthode communautaire» en est la synthèse.
En deuxième lieu, une analyse sérieuse de l’opinion publique européenne incite à penser que si les résultats des politiques menées étaient meilleurs, notamment économiques, un tel déficit démocratique serait moins vilipendé.
En troisième lieu, ce déficit a un caractère inéluctable. L’éloignement du citoyen, en dépit du principe de subsidiarité, est au fondement même des démocraties représentatives ; c’est là le moindre mal de