La justice sans frontières, dont l'Espagne s'était faite le héraut ces dernières années, risque de faire long feu. Le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy prépare de toute urgence une réforme législative qui limitera le pouvoir des juges en matière de «génocide» et de «crime contre l'humanité». Cette hâte est directement liée aux délicates relations avec la Chine, partenaire commercial stratégique (et deuxième détenteur de dette espagnole, derrière la France), qui manifeste publiquement sa contrariété : Pékin exige de Madrid que l'Audiencia Nacional - une des principales instances judiciaires - archive les poursuites (dont une demande d'extradition) contre cinq influentes personnalités. Parmi elles figurent l'ex-Premier ministre Li Peng et l'ancien président de la République Jiang Zemin (1993 -2003) pour leur rôle dans la répression au Tibet. Dans cette affaire, le magistrat Ismael Serrano les accuse de «déplacements forcés» et d'«élimination progressive de la population autochtone».
L’exécutif espagnol dirigé par Mariano Rajoy (Parti populaire, droite), qui n’a jamais apprécié les prérogatives universelles de la justice nationale, a trouvé une parade : une réforme express, qui fait l’économie du passage en Conseil des ministres, devrait être bouclée d’ici fin mars. Une fois celle-ci approuvée, le dossier tibétain sera désactivé. Longtemps, les tout-puissants juges espagnols pouvaient instruire un procès pour crime de lèse-hu