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Libération
Dessins hors frontières (5/7)

Suehiro Maruo, le maître japonais du manga noir

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Angoulême 2014dossier
Pour le festival d'Angoulême, «Libération» est allé à la rencontre de dessinateurs étrangers dans leurs pays. Au Japon, focus sur Suehiro Maruo, qui met en scène avec élégance la souffrance et la décadence.
publié le 31 janvier 2014 à 18h08

Il est considéré au Japon comme le maître de l'ero-eguro, l'érotico-grotesque tendance terrifiante, qui peuple ses récits courts comme ses longues histoires. Et démontre dans ses planches que le manga est un art décidément très libre et sans tabou dans l'archipel. Lunettes de soleil et collier de barbe, Suehiro Maruo est en né à Nagasaki (sud) le 28 janvier 1956. A 16 ans, il décide d'abandonner le lycée et part s'installer à Tokyo où il multiplie les petits boulots, notamment dans la reliure. En 1973, il soumet un premier manuscrit qui est refusé par le magazine Shônen Jump. Ce n'est que sept ans plus tard, que cet enfant terrible du manga noir est finalement publié dans une revue, avant de signer son premier livre, Barairo no Kaibutsu («le Monstre en rose») en 1982. Commence une période féconde pour Suehiro Maruo qui livre de nombreuses histoires courtes dans les années 80. Les éditions Le Lézard noir viennent d'ailleurs de publier DDT, un recueil de cette époque-là (voir ici).

Son style emprunte au surréalisme, à l'expressionnisme allemand, aux influences multiples des écrivains Georges Bataille, Edgar Allan Poe, du photographe-dessinateur-graveur Hans Bellmer, du peintre Otto Dix. L'horrifique le dispute au fantastique. Il convoque des tueurs en série japonais ou occidentaux dans des œuvres qui s'inspirent des muzan-e, un style d'estampes qui