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La confrérie qui menace Erdogan

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Accusé de corruption, le Premier ministre turc contre-attaque. A l’origine du scandale, l’organisation religieuse de Fettulah Gülen qui a infiltré l’école, les médias et l’Etat. Entre les deux alliés de la première heure, la guerre est déclarée. Voyage dans la nébuleuse güleniste.
A droite, Recep Tayyip Erdogan, en janvier. (Photo Ozan Kose. AFP)
publié le 31 janvier 2014 à 18h26

Le petit immeuble qui se dresse à Kizilay, au cœur d'Ankara, est un concentré des réseaux d'éducation de la Cemaat («la communauté»), la toute puissante confrérie islamiste d'inspiration soufie de Fetullah Gülen, devenue la cible de la vindicte du Premier ministre islamo-conservateur, Recep Tayyip Erdogan. Au rez-de-chaussée, la librairie, spécialisée dans la littérature pieuse. Au-dessus, le bureau de représentation de l'université Fatih d'Istanbul, une des bonnes facultés privées du pays. Au dernier étage, les bureaux de Güven-der, l'une des trois principales associations des dershane, les établissements de soutien scolaire qui préparent notamment au très sélectif concours national d'entrée à l'université.

Près d'un million et demi d'élèves turcs suivent ces leçons après leurs cours et les week-ends, pour un tarif annuel variant de 300 et 1 000 euros. Son président a le sourire las de ceux qui en ont vu d'autres. «La première fois que les autorités ont voulu fermer les dershane, c'était après le coup d'Etat militaire de septembre 1980. Maintenant, c'est un Premier ministre se revendiquant comme un bon musulman qui veut nous mettre au pas», soupire Eyyup Kilci. Il souligne l'importance de sa mission éducative : «Chacun veut une vie meilleure pour ses enfants et les dershane sont fondamentales pour créer une égalité des chances, alors que les cours particuliers sont très chers.»

«Le plus loin possible du mal»

Annoncé à l’automne, le projet de suppression des dershane - qui sont to