Enveloppé dans sa robe safran, le moine bouddhiste Buddha Issara arbore un petit air satisfait. Il peut en effet s’enorgueillir d’avoir largement contribué à l’un des principaux objectifs du mouvement antigouvernemental qui paralyse la capitale thaïlandaise depuis plusieurs semaines : l’échec des élections législatives de dimanche. Après une journée émaillée d’incidents, la Commission électorale s’est en effet déclarée incapable d’annoncer les résultats, 500 bureaux électoraux de Bangkok n’ayant pu ouvrir leurs portes sous la pression des manifestants. En outre, le vote n’a pas pu se dérouler dans neuf provinces du sud du royaume.
Armes. Samedi, Buddha Issara et ses troupes avaient encerclé un bureau administratif dans le nord de Bangkok pour bloquer la distribution les bulletins de vote et les urnes aux bureaux électoraux. A cette occasion, le bonze avait affirmé que les bulletins étaient «comme des fruits empoisonnés». Quelques heures après, la mission était accomplie. Le chef de district déclarant l'élection suspendue dans l'ensemble de la zone. Entre-temps, les partisans du bonze, dont certains munis d'armes à feu, s'étaient sérieusement accrochés avec des Chemises rouges, c'est-à-dire des partisans du gouvernement de Yingluck Shinawatra.
Ce bonze originaire du sud de la Thaïlande coordonne depuis la mi-décembre les activités des manifestants dans le secteur nord-est de la ville. Retranché dans une maison traditionnelle solide