Opposant historique au régime de Hafez et de Bachar al-Assad, plusieurs fois emprisonné, Michel Kilo est aujourd'hui l'un des principaux responsables de la Coalition nationale de l'opposition. Membre du comité stratégique, qui dirige et surveille depuis les coulisses la délégation de l'opposition à la conférence de Genève, il explique en exclusivité pour Libération comment se sont déroulées les premières discussions avec la délégation officielle, qui se sont achevées vendredi.
Concrètement, comment se déroulent les discussions ?
Chaque délégation est à sa table et Lakhdar Brahimi, le médiateur de l’ONU et de la Ligue arabe, se tient au milieu. Nous ne nous adressons qu’à lui et il transmet nos déclarations à l’autre délégation. On ne se parle jamais directement.
Quelle a été l’attitude de la délégation du régime ?
Elle a toujours eu une attitude agressive non seulement à notre encontre, mais aussi envers les autres pays participant à la conférence. Bachar al-Jaafari [le chef de la délégation du régime, ndlr] n'a jamais cessé d'insulter notre délégation : vous êtes des traîtres, des agents saoudiens, des wahhabites. Par exemple, il m'a accusé d'avoir marié mon marxisme avec le wahhabisme. Il a sans cesse essayé de provoquer la délégation de l'opposition pour la pousser à claquer la porte des négociations. Heureusement, notre chef de délégation, Hadi al-Bahra, est un homme très calme, au point que nous l'avons poussé à être plus énergique.
Avez-vous senti des divergences au sein de la délégation officielle ?
Il y a eu des rumeurs de défection et que la famille de Walid Moallem [le ministre des Affaires étrangères, ndlr] se tr