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reportage

«A Lviv, 200 000 personnes sont prêtes à descendre dans la rue»

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Caserne bloquée, magasins boycottés… La grande ville de l’ouest de l’Ukraine, tournée vers l’Europe, est tout acquise à la révolution.
Plusieurs dizaines de milliers d'Ukrainiens rendent hommage au manifestant Yuri Verbytsky, à Lviv, le 24 janvier. (Photo AFP AFP)
publié le 4 février 2014 à 20h46

A l'intérieur de la tente militaire, ils sont une quinzaine à se réchauffer autour d'un poêle de fortune. Quelques jeunes filles préparent du bortsch, cette soupe traditionnelle ukrainienne à la betterave, deux ou trois hommes sont plantés devant une télévision grésillante qui diffuse un documentaire sur la guerre du Vietnam. «Nous bloquons les sorties de la caserne depuis la nuit du 19 au 20 janvier, explique Andriy Porotko, le «commandant» de la place. De cette façon, les 600 soldats cantonnés à Lviv ne peuvent participer à la répression qui se déroule à Kiev.» En réalité, le «blocus» des manifestants n'est que symbolique, quelques sacs de neige empilés devant l'entrée des baraquements et des adolescents qui jouent à la guerre avec des casques. «Je discute tous les jours avec l'officier qui commande la place, notre présence l'arrange bien, cela lui fait une excuse pour ne pas sortir, admet Andriy Porotko. Mais si l'état d'urgence est décrété, ce sera bien sûr une autre histoire.»

Lviv l'ukrainienne, aujourd'hui. Mais avant il y eut Lwów la polonaise, Lemberg l'autrichienne. Les Polonais furent chassés par les Russes à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Allemands se sont évaporés durant le XXe siècle, les Juifs ont disparu dans des fosses communes et les camps d'extermination. A Lviv, distante de 60 km à peine de la frontière de l'Union européenne, on parle ukrainien, on rejette «l'impérialisme» venu de Moscou et on célèb