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Interview

La veuve de Chokri Belaïd : «Nous n’avons pas besoin de cadavres, mais de la vérité»

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La Tunisie après Ben Alidossier
Après la mort, mardi, du tueur présumé du farouche opposant à Ennahda, Basma Khalfaoui s'élève contre la façon dont le ministère de l'Intérieur tunisien dirige l'enquête.
Le 16 mars 2013 à Tunis, lors d'une marche à la mémoire de Chokri Belaïd, tué quarante jours auparavant. (Photo Zoubeir Souissi. Reuters)
publié le 5 février 2014 à 12h43

Un an presque jour pour jour après l'assassinat de Chokri Belaïd, le tueur présumé, Kamel Gadhgadhi, a été abattu mardi par les forces de sécurité, dans un long assaut contre une maison de la banlieue de Tunis. La veuve de Chokri Belaïd, Basma Khalfaoui, dénonce une instrumentalisation de l'affaire, alors que l'enquête piétine.

Comment réagissez-vous à la mort de Kamel Gadhgadhi, assassin présumé de Chokri Belaïd ?

Le ministre de l'Intérieur parle de «cadeau». C'est un cadeau empoisonné, un cadeau que je refuse. C'est un cadeau pour lui-même, lui qui a déjà eu la chance de se maintenir dans le nouveau gouvernement, malgré toutes les protestations. De plus, je me pose la question : pourquoi maintenant ? Pourquoi à la veille des commémorations ? Ça ne peut pas être un hasard. Cela relève d'une décision politique, pour montrer que l'enquête avance.

Ce n’est pas du tout une victoire, et ce n’est pas du tout ce qu’on demandait. On voulait que Gadhgadhi soit attrapé vivant, pour pouvoir connaître la vérité et remonter jusqu’aux commanditaires. Les techniques existent pour cela, je demande donc au ministre comment se fait-il qu’ils soient tous morts ? Lui et Lotfi Zine, tué dans une autre opération, étaient les deux reliés aux commanditaires. Il en reste deux autres, et je crains de lire leurs noms d