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Libération

Explosion de colère sociale en Bosnie

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Le palais présidentiel de Sarajevo, la capitale du pays, était en flammes vendredi soir.
publié le 7 février 2014 à 21h16

Il y a vingt ans, il avait échappé miraculeusement aux obus des forces serbes qui assiégeaient Sarajevo. Mais vendredi soir, le bâtiment abritant la présidence de Bosnie était en feu, victime expiatoire de la colère d’une population exaspérée.

Le mouvement est parti de Tuzla, la grande ville minière du nord, où le siège des administrations régionales a également été incendié. Après des années de résignation silencieuse, plusieurs milliers de Bosniens sont descendus ces derniers jours dans les rues pour crier leur colère face à la misère persistante sur fond de blocage politique.

Cette ex-république yougoslave de 3,8 millions d’habitants connaît le plus fort taux de chômage en Europe : 44% de la population active. Le salaire mensuel moyen y est de 420 euros, et près d’un habitant sur cinq vit dans la pauvreté, selon des statistiques officielles. Ces émeutes illustrent aussi l’exaspération croissante de la population face à une classe politique toujours engluée dans des querelles politico-ethniques. Près de vingt ans après les accords de Dayton qui ont mis fin au conflit en Bosnie, les partis serbe, croate et bosniaque (musulman) sont toujours incapables de s’entendre, malgré les pressions de l’Union européenne.

Les manifestations de ce «printemps bosnien», comme l’a déjà baptisé la presse locale, ont eu lieu non seulement dans les villes à majorité bosniaque du pays, mais aussi dans l’entité serbe, la Republika Sprska qui, avec la Fédération croato-musulmane, compose l’Etat de B