Cinq heures d'interrogatoire approfondi et un total de 400 questions : même si l'infante Cristina s'était préparée longuement à l'exercice, elle n'était pas à la fête, samedi, face à José Castro, juge de l'Audiencia Provincial de Palma de Majorque, aux Baléares. Mise en examen pour «délits fiscaux» et «blanchiment de capitaux», la fille cadette du Roi, 48 ans et septième dans l'ordre de succession, «s'en est tirée à merveille», ont réagi ses avocats. Ce n'est pas l'avis du juge Castro, pas vraiment convaincu par les réponses évasives de Cristina, du type : «Je ne sais pas», «je ne me mêle pas de ces affaires», ou «je n'y connais rien».
Cette comparution a été vécue comme un événement historique par les Espagnols : pour la première fois depuis que le monarque Juan Carlos exerce en tant que chef d’Etat, un membre direct de la Couronne est mis en examen. Et si Cristina de Bourbon s’est assise sur le banc des accusés, c’est parce qu’elle est directement mêlée à une des affaires de corruption les plus retentissantes de ces dernières années, ayant fortement contribué à la désaffection vis-à-vis de la monarchie, longtemps perçue comme une institution exemplaire : Iñaki Urdangarin, le mari de l’infante, est accusé d’avoir détourné au moins 7 millions d’euros de fonds publics en provenance des gouvernements régionaux de Valence et des Baléares, entre 2004 et 2006. L’argent aurait atterri dans les caisses de la fondation Noos (soi-disant à but non lucratif),