La colère de l'Union européenne est à la hauteur de sa surprise : personne n'a cru que les Suisses voteraient, même par une majorité étroite de 50,3 %, en faveur d'une limitation du droit à la libre circulation des Européens. Car il s'agit de l'une des pierres angulaires de la construction communautaire que la Suisse avait accepté de faire sienne, en 2000, par un référendum positif (67,2% de oui). Comme l'a rappelé le porte-parole d'Angela Merkel hier : «La liberté de circulation est pour nous un bien de haute valeur.»
La votation de dimanche est jugée d'autant plus incompréhensible à Bruxelles que le chômage est quasiment inexistant dans une Confédération helvétique dont le succès économique tient largement à ses relations privilégiées avec l'UE. «Entre 1992 et 2002, c'est-à-dire entre le rejet de l'adhésion à l'Espace économique européen (EEE) et l'entrée en vigueur du premier paquet d'accords bilatéraux avec l'Union, la croissance était atone, admet un diplomate suisse. C'est depuis 2002 et la libéralisation des échanges que notre croissance s'est envolée. Sans les spécialistes européens venus chez nous, on n'en serait pas là.»
Pas question de choisir. La tentation est donc forte de «faire un exemple» - selon l'expression de Daniel Cohn-Bendit, coprésident du groupe vert au Parlement européen - à l'usage de ceux qui, comme en Grande-Bretagne, seraient tentés de faire la même chose. «La Suisse ne p