«Mieux vaut vivre seul que bien accompagné.» A l'instar de ce spontané «proverbe suisse du 9 février 2014», les réseaux sociaux ont commencé dimanche soir à crépiter de commentaires consternés en Suisse romande, aussitôt connu le résultat de la votation sur l'immigration dans la Confédération. «La boulangerie de mon quartier est tenue par des Portugais, le kiosque par un Espagnol, l'épicerie par des Pakistanais, le restaurant d'en haut par des Portugais, celui d'en bas par des Italiens, ma coiffeuse vient du Chili. Sans eux, ma ville serait différente. Sans eux, j'aurais encore les cheveux longs», disait une Vaudoise sur Facebook. Des dizaines d'autres tweetaient leur dépit et même leur «honte d'être Suisse», en demandant pardon à leurs amis étrangers sur un mode presque biblique.
Stupeur, incompréhension : pour la minorité francophone de Suisse (1,8 million de personnes sur les 8 millions que compte le pays), le scrutin marque une nette coupure avec le reste de la Confédération. A l'exception des villes de Berne, Bâle et Zurich, toutes trois tenues par la gauche rose-verte, la Suisse alémanique a accepté le texte proposé par le parti populiste UDC, quand tous les cantons romands l'ont balayé. «Les Romands entretiennent un rapport à l'Europe plus détendu, estime Oscar Mazzoleni, professeur de sciences politiques à l'université de Lausanne. Pour eux, le voisin européen, c'est la France, dont ils partagent la langue. La proximité