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Interview

Aux Etats-Unis, «un candidat démocrate peut être anti-peine de mort»

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L'Etat de Washington a adopté ce mardi un moratoire sur la peine capitale, signe d'une évolution des mentalités. L'analyse de Nicole Bacharan, politologue spécialiste des Etats-Unis.
La salle d'exécution de la prison d'Etat de San Quentin, en Californie. (Reuters)
publié le 12 février 2014 à 18h27

En annonçant mardi

, le gouverneur de l’Etat de Washington, Jay Inslee, a confirmé qu’une partie de l’Amérique porte aujourd’hui un regard neuf sur la peine capitale. Nicole Bacharan

(photo AFP)

, historienne et politologue spécialiste des Etats-Unis, analyse cette évolution.

Assiste-t-on à une évolution des mentalités concernant la peine de mort aux Etats-Unis ?

Ce n’est pas radical, mais il est certain qu’une évolution s’est amorcée depuis un peu plus de dix ans, au tournant des années 2000. A cette époque, des projets ont été menés par des journalistes et des étudiants en droit des grandes universités pour débusquer d’éventuelles erreurs judiciaires et innocenter des victimes de la peine capitale. Ces initiatives ont déclenché quelque chose au sein de la société et ont fait naître la peur de l’erreur judiciaire. Un questionnement sur la peine de mort elle-même s’est engagé.

La prise de position de certains laboratoires, qui ont refusé de délivrer l’anesthésiant nécessaire aux exécutions, a-t-elle aussi joué ?

Oui, parce qu'une partie de l'industrie pharmaceutique a montré qu'elle désapprouvait la peine de mort, à travers ce refus. Récemment, l'agonie d'un prisonnier condamné à mort a posé la question de la constitutionnalité même de la peine capitale, puisque le 8e amendement interdit les «châtiments cruels». On ne peut pas dire que l'opinion a basculé, mais il y a eu une véritable prise de conscience sur le sujet.

Depuis 2007, six Etats ont aboli la peine de mort. Est-ce la conséquence de cette prise de conscience ?

Oui, cela correspond à l'état de l'opinion. Actuellement, la campagne pour les élections sénatoriales débute dans le Ma