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Libération

En Chine, vague de décès suspects en prison

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La police conclut à des suicides, les dissidents dénoncent des assassinats. Au point que beaucoup publient des lettres de «non-intention de suicide».
Lors d'une manifestation à Hong Kong, en juin 2012, pour l'ouverture d'une enquête sur le décès du syndicaliste Li Wangyang, «suicidé» en détention. (Photo Siu Chiu. Reuters)
publié le 13 février 2014 à 14h12

L'été dernier, le professeur d'université et dissident ouïghour Ilham Tohti a demandé à un ami de publier sur Internet cette lettre singulière, au cas où il serait arrêté. «Si je décède dans un avenir proche, sachez que la cause ne sera pas une maladie congénitale, et encore moins une envie soudaine de me suicider. Je suis père de famille, et le suicide restera toujours pour moi un acte impossible à contempler.» Cette proclamation destinée à dissuader la police d'en finir avec lui en maquillant sa mort en suicide vient d'être rendue publique par Radio Free Asia. Car Tohti, 45 ans, a fini par être arrêté le mois dernier à Pékin. Accusé d'«incitation au séparatisme», l'universitaire a peu après été transféré dans un centre d'interrogatoire d'Urumqi, à 3 000 km de la capitale chinoise. Une chape de silence est depuis retombée sur lui. «En Chine, les décès inexpliqués dans les lieux de détention sont des problèmes graves et récurrents», explique Nicolas Bequelin de l'organisation Human Rights Watch.

«Et pour les dissidents classifiés "ennemis de l'Etat" comme Ilham Tohti, déplore Nicolas Bequelin, la torture est quasi systématiquement utilisée.» La sécurité d'Etat chinoise n'a jamais pris de gants. Mais cette certitud