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Libération

Euskadi vers la paix des ennemis

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Longtemps, ils ont soutenu ETA contre les espagnolistes liés à l’Etat, avant de dénoncer la violence et de réclamer la trêve. La ville d’Errenteria, l’ex-Belfast basque, entraîne les élus locaux sur la voie de la réconciliation, semée d’embûches après quarante ans de terrorisme.
publié le 14 février 2014 à 18h46

Râblé, un visage sans éclat, la démarche un tantinet maladroite, un pull bleu passe-partout : de prime abord, ce jeune maire de 35 ans ne paie pas de mine. Et pourtant. Julen Mendoza est à la tête d’Errenteria, une bourgade de 40 000 habitants de la périphérie de Saint-Sébastien devenue, en bonne partie grâce à lui, un symbole d’espoir. L’espoir, après quatre décennies de terrorisme d’ETA, que s’instaurent au Pays basque une véritable paix, une coexistence harmonieuse, voire une réconciliation, entre ceux qui s’imaginaient être des ennemis à la vie à la mort.

D'un côté, les «espagnolistes», cible des séparatistes armés, avec leurs élus locaux assassinés, les menaces incessantes, les gardes du corps, la peur au ventre ; de l'autre, la Izquierda abertzale, cette gauche patriotique qui a toujours servi de base politique et sociale à ETA, avec ses affrontements policiers, ses marches victimistes et ses prisonniers répartis dans toute la péninsule.

Depuis tout jeune, Julen Mendoza appartient à ce monde-ci, celui pour qui le combat consiste à construire une Euskal Herria pleinement indépendante, si possible en incluant la Navarre et les provinces françaises. Depuis tout jeune, à ses yeux, les espagnolistes, ce sont «les autres», ceux qui ont partie liée avec un Etat jugé oppresseur et tyrannique. Pour autant, il comprenait de moins en moins les assassinats commis «pour la cause». En 1999, il fut parmi les premiers de son camp à désapprouver une ru