«Il y a un gros problème en Ukraine. Tout le monde le sait. Mais ce qui se passe ici aujourd'hui, personne ne comprend.» Avec quelques amis, Petro, la moustache finement taillée, paraît désabusé. Devant le bâtiment de la mairie de Kiev, une cinquantaine d'hommes, casque sur la tête, bouclier et bâton au poing, forment un cordon autour de l'entrée principale. «Ce sont des membres du parti nationaliste Svoboda et de groupes d'autodéfense du village de l'Euromaidan, explique Petro, qui se dit anarchiste. Ils ne veulent pas rendre la mairie. Et maintenant, on voit des gens de l'Euromaidan qui s'opposent à des gens de l'Euromaidan. On n'a même plus besoin de la police pour s'affronter.»
«Brigands». Hier matin, la décision avait pourtant été entérinée par le comité directeur de l'Euromaidan d'évacuer la mairie, le premier bâtiment public à avoir été occupé par les protestataires antigouvernementaux, le 1er décembre. Pendant dix semaines, la mairie était devenue un des «quartiers généraux de la révolution». Son évacuation était l'une des principales conditions des autorités pour appliquer une loi d'amnistie et abandonner une série de poursuites judiciaires contre des centaines de manifestants. 234 d'entre eux ont été libérés vendredi, mais restent sous le coup de poursuites judiciaires. Certains encourent jusqu'à quinze ans de prison pour «hooliganisme».
Cette condition a provoqué des débats houleux