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Libération
reportage

A Zouara, les Masqués jouent les justiciers

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Une brigade de bénévoles assure la sécurité dans les rues de cette ville libyenne depuis que la police a déserté le terrain, en 2012.
Des manifestants brandissent une caricature de Kadhafi à Tobrouk, ville de l'est de la Libye aux mains des insurgés, le 24 avril 2011. (Photo Patrick Baz. AFP)
publié le 17 février 2014 à 20h46

Le quartier général est un chantier déserté, situé un peu à l’écart de la ville, les véhicules, des pick-up Toyota modèle Hilux et les membres, des jeunes, kalachnikovs en bandoulière. Le siège, les voitures et l’effectif de la brigade anticriminalité de Zouara sont ceux d’une milice, mais ce n’en est pas une au sens libyen, car elle est respectée.

Une voiture arrive devant l'entrée du chantier. A son bord, deux jeunes, presque des adolescents encore. Le chauffeur klaxonne, le portail coulisse. Un homme en tenue de camouflage sort et échange quelques mots avec le conducteur avant d'embarquer le passager, qui le suit sans résistance. Cette arrestation en toute quiétude a de quoi décontenancer. «Ce jeune, nous le connaissons bien. Il est souvent mêlé aux embrouilles. Ses parents ne sont jamais là et il a un problème dans sa tête. Un de ses amis vient de nous le confier avant qu'il ne fasse une bêtise. On a prévenu son oncle. En attendant, on le garde ici», explique la brigade anticriminalité. Au nom du collectif, les chefs refusent que des noms apparaissent dans les médias, même modifiés. Durant les patrouilles, les membres revêtent une cagoule noire pour éviter les représailles. Cet anonymat est devenu leur marque de fabrique. Les hommes sont surnommés «les Masqués» par les habitants de cette ville côtière amazigh (berbère), à 115 km à l'ouest de Tripoli.

Trafics. Fin 2012, passés les célébrations de la fin du kadhafisme et l'avène