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grand angle

Birmanie, la haine brûlante

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Mi-janvier, dans l'ouest du pays, 48 musulmans ont été tués par des bouddhistes fondamentalistes. Depuis la relative ouverture politique de la junte, des émeutes d’une extrême violence se multiplient.
par Augustin Seurel, Envoyé spécial à Meiktila
publié le 18 février 2014 à 17h06

Une seule étincelle suffit pour provoquer une explosion de haine. A Meiktila, ville stratégique établie au cœur de la Birmanie bouddhiste, une dispute familiale a failli rallumer un incendie qui avait fait, il y a un an, au moins 44 morts, une centaine de blessés et chassé plus de 12 000 personnes de leurs maisons vers des camps de réfugiés. Lors de scènes assimilables à du nettoyage ethnique, la ville sombrait dans le chaos et renvoyait la Birmanie à ses déchirures ethniques et religieuses qui ont révélé la «face obscure de la transition», selon l'expression de l'International Crisis Group.

Cette ultime querelle a éclaté à la mi-janvier entre deux frères musulmans et leur beau-frère bouddhiste. Pour de sombres histoires, ils ont échangé des coups de matraque, avant de se poignarder. Le bouddhiste a succombé à ses blessures à l'abdomen. «La nouvelle du meurtre a très vite été connue en ville, raconte, encore inquiet, U Khin Nan, l'un des musulmans de la ville, qui fait office de médiateur. Une foule s'est rassemblée, en colère. Il a fallu que les responsables de Génération 88 [mouvement politique né en 1988, dont de nombreux militants ont été emprisonnés jusqu'en 2012, ndlr] etdes gens influents descendent dans la rue pour expliquer longuement qu'il ne s'agissait que d'une triste affaire familiale. Puis, les autorités et la police sont arrivées pour sécuriser les lieux et calmer les gens afin d'éviter un nouveau bain de sang. Le feu religieux, c'est si f