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TRIBUNE

Une puissance militaire mais avec quels moyens ?

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par Vincent Desportes, Général et expert militaire
publié le 18 février 2014 à 17h06

Le caractère «très militaire» de l’année 2013 en France est frappant. Deux interventions majeures, Serval au Mali pour lancer l’année militaire, Sangaris en République centrafricaine pour l’achever, avec, à mi-parcours, une opération en Syrie restée sans nom pour avoir été retenue au dernier instant. En miroir, deux textes fondateurs : le 29 avril, officialisation du livre blanc dont la traduction budgétaire, la loi de programmation militaire, est approuvée par les deux Chambres au cours du dernier trimestre.

L’observateur est frappé par la puissante contradiction entre les faits - les interventions - et le discours - les deux textes - qui organisent la dégradation progressive mais certaines de nos capacités militaires. Interventionnisme - légitime dans les trois cas - et incohérence, jusqu’à l’absurde. De cette «année stratégique» forgée de contradictions, il retire plusieurs leçons.

Leçon numéro 1 : l’évidence des inadéquations. Inadéquation, d’abord entre notre politique extérieure, qui s’appuie à juste titre sur nos capacités militaires, et notre politique militaire qui tend à réduire ces mêmes capacités selon des logiques parfaitement déconnectées de leurs raisons d’être. Inadéquation, ensuite entre les modèles de forces vers lesquels nous nous dirigeons inexorablement - des forces réduites de haute sophistication, de plus en plus aptes à remporter les batailles et de moins en moins capables de gagner les guerres, adaptées surtout aux conflits que nous ne voulons pas mene