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Libération
Interview

«Pour l’Allemagne, des sanctions risquent de renforcer le régime»

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Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Stefan Meister, spécialiste des pays de l’Est :
publié le 19 février 2014 à 21h26

Stefan Meister est spécialiste de la Russie et des pays de l’Est au Conseil européen des affaires étrangères, à Berlin.

Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, longtemps opposé à des sanctions à l’égard de l’Ukraine, y semble maintenant favorable. Pourquoi ?

Je ne suis pas d’accord avec l’idée que Frank-Walter Steinmeier est favorable aux sanctions, même si on le lit partout dans la presse. Il dit simplement qu’il ne faut pas s’interdire d’envisager des sanctions. C’est autre chose. C’est vrai qu’il est devenu plus dur dans le ton à l’égard du régime ukrainien. C’est lié à la répression, aux 26 morts de mardi. Steinmeier essaie d’exercer une pression, d’obtenir des compromis de l’Ukraine. Les réticences sur les sanctions continuent au ministère allemand des Affaires étrangères. On estime que cela isolerait l’Ukraine et ne ferait que renforcer la marge de manœuvre de la Russie tout en affaiblissant l’influence que l’UE pourrait encore exercer sur Viktor Ianoukovitch. Quand on parle sanctions, en Allemagne, on pense aussitôt au cas de la Biélorussie : depuis les sanctions, il n’y a plus aucun contact avec la population. Bien sûr, l’Ukraine est plus dépendante de l’Union européenne et moins de la Russie que ne l’est la Biélorussie mais, en Allemagne, on croit que les sanctions risquent de renforcer le régime.

Les opposants au président Poutine ou à ses alliés se succèdent à Berlin. Comment l’expliquez-vous ?

C’est lié au nouveau poids de l’Allemagne au sein de l’UE. Dans la région, il y a cette idée que si on veut communiquer avec les Européens, il faut passer par l’Allemagne. Le cas de Vitali Klitschko est un cas particulier. L’Allemagne essaie de construire véritablement un présidentiable qui pourrait se présente