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Libération
Interview

«L'Ukraine est entrée en guerre civile»

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Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Georges Mink, spécialiste de l’Europe centrale, commente la brusque aggravation de la situation à Kiev.
Des manifestants anti-gouvernementaux se protègent de tirs présumés de snipers, le 20 février 2014 à Kiev (Photo Sergei Supinsky. AFP)
publié le 20 février 2014 à 13h02

En deux jours, la situation a basculé en Ukraine. Après 26 morts dans les affrontements entre contestataires et forces antiémeutes mardi, le pouvoir a choisi l'épreuve de force. Les tirs à balles réelles ont tué au moins 25 manifestants ce jeudi, tandis que l'Europe cherche une sortie de crise. L'analyse de Georges Mink, spécialiste de l'Europe centrale, directeur de recherches émérite au CNRS.

Quels sont les scénarios possibles aujourd’hui à Kiev ?

Beaucoup de choses peuvent se jouer aujourd'hui. On est rentrés maintenant dans une situation de guerre civile. Le premier scénario, c'est celui de la victoire insurrectionnelle et de la création d'un pouvoir parallèle par les insurgés à Kiev. Ceux-ci engageraient alors un processus démocratique. Cette hypothèse n'est pas à écarter : les manifestants sont nombreux, armés et déterminés. Il ne s'agit pas que de groupuscules d'extrême droite comme voudrait le faire croire la propagande russe. C'est un mouvement pluriel et solidaire. Un mouvement social et identitaire, qui se bat d'abord pour une Ukraine libre et indépendante. En face, les forces spéciales ont d'abord reculé ce matin. Mais ce peut-être pour laisser la place à l'armée, qui aura consigne de mater les contestataires. C'est le deuxième scénario, celui du pire. Que des Ukrainiens tirent sur des Ukrainiens. C'est déjà ce qui est en train de se produire. Mais jusqu'où l'armée ira