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Libération
EDITORIAL

Le pire

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publié le 20 février 2014 à 21h46

Symbole de l’incurie de l’Europe : les ministres français, allemand et polonais des Affaires étrangères étaient reçus hier par le président ukrainien qui, à la même heure, faisait tirer sa police sur les manifestants. Bilan : au moins 60 personnes tuées à balles réelles pendant l’entrevue. Depuis trois mois, les Européens laissent faire le président, Viktor Ianoukovitch, et son parrain russe, Vladimir Poutine. Ils les laissent tuer, torturer, tabasser des milliers d’Ukrainiens prêts à manifester et à mourir pour un idéal d’Europe qui, jour après jour, les trahit. Combien faudra-t-il de morts pour que l’Union européenne réagisse ? Le précédent de la Syrie, un autre client de Poutine, montre que l’indignation et le courage ne sont pas les principales qualités des chefs d’Etat et de gouvernement européens.

On voit bien le dessein de Ianoukovitch et Poutine : user de la violence et de la répression pour radicaliser la situation en Ukraine, faire taire l’opposition démocratique pour laisser le champ libre à l’extrême droite et aux provocations. Une manière cynique et sanglante de rendre l’Ukraine infréquentable. Le modèle biélorusse. Pour le moment, les Ukrainiens, jeunes et retraités, de droite comme de gauche, nationalistes ou non, tentent de contrer cette politique du pire avec un immense courage, défiant les brutes du régime. Ils veulent encore croire à l’Europe. Ils veulent encore croire que l’Europe les sauvera de Poutine et de son pantin ukrainien. A l’Europe d’exister. Pou