Officiellement, le général Leonardo Barrero, chef d'état-major de l'armée colombienne, a été limogé parce qu'il était grossier. Dans un enregistrement rendu public dimanche par l'hebdomadaire Semana, l'officier évoque la justice de son pays en termes choisis : «Faites une mafia pour dénoncer les juges d'instruction et toute cette connerie !» conseille-t-il à un subalterne incarcéré. Deux jours après la révélation, le président libéral, Juan Manuel Santos, a ordonné son départ «à cause de ses expressions irrespectueuses». Cinq généraux hauts placés sont tombés avec lui, dans une affaire qui dépasse de loin les règles d'étiquette.
Selon les enregistrements judiciaires révélés par le magazine, un réseau de corruption interne s'était organisé au sein de l'armée de terre, au bénéfice d'officiers impliqués dans des assassinats de civils. Ces derniers sont accusés d'avoir fait exécuter des paysans pour les présenter comme des guérilleros morts au combat, afin d'obtenir primes et avancement. Au moins 2 000 cas de ces meurtres maquillés reposent dans les tiroirs de la justice. Les bandes audio dévoilent une autre de leur source de financement. Des contrats de fourniture de matériel et d'intendance étaient arbitrairement attribués à des entreprises liées à ces militaires «ripoux». Leur surfacturation, dans des contrats de plusieurs millions d'euros, permettait aux gradés impliqués de rémunérer leurs avocats, d'acheter le silence de sous-officiers témoins des