Il aura fallu une bonne centaine de morts à Kiev pour que les ministres européens se décident à intervenir en Ukraine. Ils ont finalement arraché ce matin un accord au président Ianoukovitch, qui la veille faisait tirer à balles réelles sur les manifestants pro-européens. Sur le papier, cet accord peut servir de compromis et répond pour l’essentiel aux demandes de l’opposition : formation d’un gouvernement d’union nationale, élections anticipées et réforme de la constitution.
Il reste que le pouvoir s’était déjà engagé sur ces mêmes points il y a une semaine avant de revenir sur ses promesses et de massacrer ses concitoyens. L’Europe va devoir être pressante et vigilante pour que le président respecte cet accord. Le pouvoir en Ukraine ne se partage pas, d’autant plus pour un homme aussi corrompu que Ianoukovitch, qui entend rester président pour accroître sa fortune et se protéger de toutes poursuites judiciaires.
Les Européens vont devoir aussi travailler avec l’opposition, dont une frange extrémiste et ultra-nationaliste se déclare partisane de la violence et de la lutte armée.
Surtout, rien ne se fait en Ukraine sans l’accord de Poutine et l’Europe va devoir confronter le président russe, qui a décidé de reconstruire un glacis d’Etats vassaux autour de la Russie à la manière de l’URSS. L’Ukraine est aussi un enjeu de cette nouvelle guerre froide, mais l’UE est tout sauf unie sur son attitude vis-à-vis de Moscou. L’Allemagne, notamment, s’accommode des coups de force de Pouti