Politologue spécialiste de l’Ukraine, Ioulia Shukan (photo CNRS) est maître de conférences en études slaves à l’Université Paris X. Elle analyse
[ l’accord de sortie de crise ]
signé ce vendredi par le président Viktor Ianoukovitch et les membres de l’opposition.
Qu’est-ce qui explique que le président Ianoukovitch ait finalement cédé et signé cet accord ?
Les violences commises à l’encontre des manifestants le mardi 18 et le jeudi 20 février, qui ont fait près de 75 victimes, constituent le principal facteur d’explication. Elles ont d’abord produit des divisions au sein même des cercles du pouvoir, avec notamment la démission du chef adjoint de l’état-major de l’armée, la défection des unités de police dans la région de Lviv ou encore la désaffiliation d’une dizaine de députés du groupe parlementaire du Parti des régions à la Rada suprême. Les dernières votations à la Rada confirment l’importance de ces défections dans les rangs de cette formation politique. L’usage disproportionné de la violence d’Etat a, en outre, poussé à agir les manifestants dans les régions de l’ouest et du centre du pays qui se sont de nouveau emparés de bâtiments publics.
Avec le recul de Ianoukovitch, l’Union Européenne a-t-elle pris le pas sur la Russie dans la bataille d’influence qu’ils se livrent ?
Ni l’un ni l’autre ne sort vainqueur de cette crise selon moi. D’ailleurs, la situation reste encore très fragile, malgré la signature de l’accord entre les autorités et l’opposition. L’Union européenne, tout comme les États-Unis ont, certes, apporté leur rôle de médiateur au sein de la crise. Cependant, leur influence doit être relativisée puisque les violences ont éclaté jeudi dernier, alors même que les ministres européens des affaires étrangères étaient s