Sous une fine pluie, dans la grisaille de fin d'après-midi, une foule compacte piétine devant la scène installée dans le centre de Lviv, sur le Maidan local. Au pied de croix noires portant l'inscription «Les héros ne meurent pas», ou sous des murs de portraits, brûlent des centaines de bougies. Comme sous plusieurs autres autels improvisés ailleurs dans le centre-ville. Les gens viennent avec des fleurs.
Ce week-end, Lviv pleure et enterre ses morts. Treize personnes qui ont perdu la vie sur les barricades de Kiev, la semaine dernière, étaient originaires de la ville et sa région. «Leur sang a coulé pour nous et nos enfants. […] Ils ont rendu le pouvoir au peuple. Nous inclinons la tête devant les héros de l'Ukraine», clame une poétesse sur la scène, la voix étranglée. Une minute de silence. Le maire, Andrei Sadovoy, a déclaré trois jours de deuil, de vendredi à dimanche. Les bars et boîtes de nuit ont tiré le rideau, on ne sert plus d'alcool après 18 heures.
Police paralysée. Depuis plusieurs jours, Lviv est contrôlée par «le peuple». Certes, le maire soutient les manifestants de Kiev depuis le début. Mais la semaine dernière, toutes les structures restées jusqu'alors loyales au pouvoir central - gouverneur, parlement, police, parquet, services secrets (SBU), armée - ont capitulé. Mardi soir, plusieurs milliers de personnes ont attaqué les postes de police et pillé des réserves d'armes. La police s'est rendue s