Professeur associé à Sciences-Po Paris et conseiller à l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN), Thornike Gordadze fut ministre géorgien de l’Intégration européenne jusqu’à l’automne 2012.
Quel est l’enjeu de l’accord d’association avec l’UE ?
Conçu dans le cadre du partenariat oriental lancé en 2009 vis-à-vis des anciennes Républiques soviétiques européennes – Ukraine, Biélorussie, Moldavie, Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan –, cet accord a été paraphé en novembre par Tbilissi et Chisinau [Moldavie], mais refusé au dernier moment par Kiev. Il reste sur la table. Il comprend d'une part un volet politique avec des réformes pour promouvoir l'Etat de droit et les libertés fondamentales, de l'autre un volet économique qui prévoit un accord de libre-échange approfondi et exhaustif avec les Vingt-Huit. Sa mise en œuvre implique de profondes restructurations économiques, dont la fin des monopoles qui explique l'hostilité de certains oligarques ukrainiens. Ces réformes seront douloureuses, même si elles amèneront des investissements européens. Il sera donc difficile de les imposer aux populations concernées sans que ces dernières puissent espérer, au moins à terme, une pleine intégration.
Est-elle possible ?
Bien évidemment non dans l’immédiat, mais c’est le véritable enjeu à plus long terme. A chacun des trois sommets du «partenariat oriental», les pays concernés, avec le soutien de quelques-uns des Etats membres, venant notamment de l’ex-Est, ont rappelé l’article 49 du traité européen, stipulant que tous les Etats du continent, s’ils