L’Ukraine vient de faire sa seconde révolution en dix ans. Comme en 2004, lors de la «révolution orange», les défis sont énormes, les enjeux élevés, mais, cette fois, les illusions sont moindres. Vingt-trois ans après l’indépendance et la fin du communisme, les Ukrainiens, qui ont voyagé, lu, vu, échangé, croient davantage dans la démocratie et moins dans les leaders charismatiques.
Quels sont ces défis sur le plan intérieur ?
Toutes les institutions actuelles sont provisoires. Le pays va devoir accoucher d'un nouveau système politique et réconcilier les fractions jusque-là hostiles. C'est un «coup d'Etat», s'écrie de sa voix caverneuse le président destitué qui a fui la capitale. Après avoir rétabli la Constitution de 2004, votée lors de la révolution orange, le Parlement a préféré déclarer le président Viktor Ianoukovitch inapte à exercer ses fonctions plutôt que de lancer une procédure d'impeachment qui aurait pu durer des semaines. Pour cela, il a bénéficié des voix de 382 députés sur les 450 du Parlement (et zéro voix contre), dont 140 (sur 205) du Parti des régions de Ianoukovitch. La veille, par 314 voix, Oleksandr Tourtchinov, le chef de file des députés Batkivchtchina (Patrie), la formation fondée par Ioulia Timochenko, avait été élu président du Parlement. A ce titre, il est devenu chef d'Etat par intérim, jusqu'à la présidentielle anticipée du 25 mai. Demain, un gouvernement d'union nationale sera nommé par le