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reportage

Dans l’Est russophone, Donetsk dressé contre les «banderovtsi» de Kiev

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Les habitants du fief du président déchu s’organisent en milices pour «protéger la ville».
Manifestation pro-Viktor Ianoukovitch, dimanche à Donetsk. (Photo Vasily Fedosenko. Reuters)
publié le 24 février 2014 à 21h26

«Nous sommes ici pour protéger la statue de Lénine», rigole Alexandre, 25 ans, bonnet et doudoune noir, un ruban rouge en brassard. Puis, sérieusement : «Je suis venu dès que j'ai pu pour protéger la ville contre les extrémistes qui ont pris les armes à l'Ouest et qui sont en route.» Sur la place Lénine de Donetsk, la capitale du Donbass, dans l'est de l'Ukraine, une centaine de personnes se pressent au pied de l'imposante statue, dont le socle est tendu de banderoles : «Le front de l'Est.» Sous des petites tentes aux couleurs du Parti communiste ukrainien, des jeunes femmes notent des noms dans des cahiers d'écolier et attachent lesdits rubans, découpés à la hâte dans du tissu écarlate, sur les bras docilement tendus. Un jeune homme parle dans un haut-parleur : «Les anciens soldats, ceux qui ont fait leur service militaire, les sportifs, rangez-vous à droite.» Les habitants de Donetsk viennent ici pour s'inscrire dans des brigades de volontaires qui vont assurer la sécurité dans la ville, au côté de la police. Selon la mairie, ces milices comptent déjà près de 5 000 membres. Aux hommes plutôt jeunes, patibulaires, tous habillés en noir, bonnets tirés sur les yeux, se mêlent aussi quelques femmes, enfants et vieillards.

«Rumeurs. Les visages sont tirés, les regards ternes. Quand ils parlent du nouveau pouvoir à Kiev, les gens utilisent ici exclusivement le terme banderovtsi, en référence à Step