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Libération
Interview

«La crise en Centrafrique irradie chez ses voisins»

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Didier Niewiadowski, en poste plusieurs années à l’ambassade de France à Bangui :
publié le 24 février 2014 à 21h16

Ancien chef de la coopération et de l’action culturelle à l’ambassade de France à Bangui (2008-2012), Didier Niewiadowski évoque les défis qui attendent la Centrafrique dans les prochains mois (1).

L’exode massif des musulmans n’est-il pas lourd de conséquences pour l’avenir ?

Une réconciliation est toujours possible, mais la partition est dans les cœurs et elle sera très longue et difficile à cautériser. Selon moi, ce départ va avoir des conséquences majeures. Tout d’abord sur un plan économique, car les musulmans contrôlaient les circuits d’import-export et de distribution de nourriture. Leur départ a un impact très concret sur la vie quotidienne des Centrafricains. Ensuite, tous ceux qui se sont réfugiés dans le nord-est du pays ou qui sont partis à l’étranger auront des difficultés à s’inscrire sur les listes électorales et ne pourront vraisemblablement pas voter lors du prochain scrutin présidentiel, prévu dans un an. Leur exclusion du jeu démocratique risque d’approfondir un peu plus la fracture entre les populations. Par ailleurs, l’arrivée de plusieurs dizaines de milliers de réfugiés au Tchad, au Cameroun ou au Congo démocratique va créer des tensions dans des pays déjà très fragiles.

D’autant que certains d’entre eux sont sous la menace de groupes jihadistes…

L’arrivée de ces réfugiés va aviver le désir de vengeance chez certains groupes islamistes présents dans la région. Les Nigérians de Boko Haram ne sont qu’à 600 km de la frontière occidentale de la Centrafrique. Les shebab somaliens ne sont pas loin non plus. A l’issue d’un scrutin contestable, ils pourraient bien envoyer des groupes dans ce terrain miné qu’est la C