Les uns le veulent fier et fort. Les autres le voient héroïque et patriotique. Les derniers souhaitent qu'ils deviennent «normal». Tous parlent du Japon d'une manière décomplexée, d'un pays qui ne serait plus stigmatisé pour ses crimes du passé, pour ses relations compliquées avec ses voisins coréens et chinois. Dans une large partie de la droite japonaise et jusqu'au sommet de l'Etat, les déclarations, les provocations et les actions empruntes d'un nationalisme affiché ont le vent en poupe. Elles ne sont certes pas nouvelles. Mais, depuis l'arrivée au pouvoir de Shinzo Abe, et surtout depuis l'automne, elles ont gagné en audience, en force dans les médias, sur les tribunes, dans les manifestations . Au point d'agacer l'allié américain et d'inquiéter dans les rangs même de la droite.
Après avoir consacré son énergie à la relance économique via les «Abenomics», le Premier ministre a pris un virage sécuritaire avec des accents autoritaires. Face à la montée des menaces chinoises et nord-coréennes, il s’est doté d’un Conseil de sécurité national, calqué sur ses homologues américain et britannique. Il a fait passer une loi sur les secrets d’Etat jugée liberticide par une partie de l’opinion. Il ambitionne de vendre des armes, ce que le Japon s’interdisait de faire depuis 1976. Il milite pour la révision de la Constitution pacifiste et la refonte des manuels d’histoire véhiculant à ses yeux une vision masochiste du Japon.
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