Robert Dujarric dirige l’Institut d’étude sur l’Asie à l’université Temple de Tokyo. Il revient sur le nationalisme décomplexé actuellement en vogue dans l’entourage du Premier ministre Shinzo Abe arrivé au pouvoir en décembre 2012.
Assiste-t-on à une poussée nationaliste au Japon ?
L'électorat japonais n'est pas nationaliste. Les Japonais votent pour leur retraite, la santé, l'économie. Shinzo Abe est certes un nationaliste, mais il s'est fait élire parce que le Parti démocrate du Japon (à la tête du pays entre 2009 et 2012, ndlr) avait été incompétent et que sa politique économique n'avait rien donné. Maintenant, le Parti libéral démocrate est au pouvoir, donc il profite de la situation pour défendre ses positions. Il y a surtout un affaiblissement de la gauche plutôt qu'un raffermissement de la droite.
Les déclarations révisionnistes sur le passé du Japon, les velléités de réforme de la constitution pacifiste, les provocations se multiplient au sein de la droite.
Elles reprennent des thèmes qui remontent aux années 50. Tout cela est le fond de l'idéologie de Shinzo Abe. Car, finalement il n'est pas un leader que l'économie intéresse en soi. Le problème de ces responsables, assez typique de la droite japonaise, réside dans le fait qu'elle est incapable d'avoir une discipline de message. Chacun dit vraiment ce qu'il pense, parfois de façon outrancière. Tout ce que déclarent Toshio Tamogami (ex-candidat au poste de gouverneur de Tokyo qui nie les massacres de l'armée impériale) et les responsables de la NHK (qui réfutent l'ampleur du phénomène des «femmes de réconfort » et le sac de Nankin en Chine, ndlr) reflète ce que pense Abe dans son for intérieur, mais ce