C'est peu dire que les médias turcs couvrent de manière contrastée le scandale des enregistrements de discussions entre le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan et son fils Bilal sur l'argent sale de la corruption. Les quotidiens et les chaînes de télévisions pro-gouvernementaux – environ 70% de l'ensemble des médias – gardent un silence absolu sur leur contenu, tout en prétendant, comme le fait Erdogan, que ces enregistrements sont un montage orchestré par «les espions de la Confrérie Gülen infiltrés dans les services d'Etat chargés des téléphones portables cryptés et des écoutes». La confrérie du prédicateur musulman Fethullah Gülen, longtemps alliée d'Erdogan, est aujourd'hui son ennemi numéro 1, accusée d'avoir mis en place un «Etat parallèle» et de manipuler les enquêtes anticorruption qui menacent le gouvernement pour le déstabiliser avant les municipales et la présidentielle prévue en août.
Les quotidiens proches de l'opposition et ceux proches de la Confrérie relatent eux en détail les conversations entre «Le Premier Voleur et son fils». Zaman (1,1 million d'exemplaires, porte-parole officieux de la Confrérie) titre à la une «Le tremblement de terre des écoutes se poursuit». Bugün (179 000 exemplaires, proche de la Confrérie) annonce «Les enr