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Libération

Turquie: la guerre des écoutes fait rage dans les médias

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Les journaux officiels tentent de discréditer les enregistrements qui mettent directement en cause le Premier ministre Erdogan. La presse d'opposition et les réseaux sociaux s'en régalent.
Faux billets lors d'une manifestation anti-Erdogan à Istanbul mercredi. (Photo Ozan Kose. AFP)
publié le 27 février 2014 à 18h24

C'est peu dire que les médias turcs couvrent de manière contrastée le scandale des enregistrements de discussions entre le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan et son fils Bilal sur l'argent sale de la corruption. Les quotidiens et les chaînes de télévisions pro-gouvernementaux – environ 70% de l'ensemble des médias – gardent un silence absolu sur leur contenu, tout en prétendant, comme le fait Erdogan, que ces enregistrements sont un montage orchestré par «les espions de la Confrérie Gülen infiltrés dans les services d'Etat chargés des téléphones portables cryptés et des écoutes». La confrérie du prédicateur musulman Fethullah Gülen, longtemps alliée d'Erdogan, est aujourd'hui son ennemi numéro 1, accusée d'avoir mis en place un «Etat parallèle» et de manipuler les enquêtes anticorruption qui menacent le gouvernement pour le déstabiliser avant les municipales et la présidentielle prévue en août.

Plusieurs quotidiens proches d’Erdogan accordent ainsi une place importante aux déclarations du ministre de la Science, des Technologies et des Industries, Fikri Isik qui a eu «le sentiment que les bandes étaient fausses». Burhan Kuzu, président de la commission constitutionnelle du Parlement, député du parti gouvernemental, est également la star des quotidiens ce jeudi: «Même si les bandes sonores étaient authentiques, personne ne croit au contenu», a-t-il dit. Sabah (325 000 exemplaires, dirigé par le gendre du Premier mMinistre) attaque en une le leader de la Confrérie: «Gülen est au service des puissances étrangères.»

Les quotidiens proches de l'opposition et ceux proches de la Confrérie relatent eux en détail les conversations entre «Le Premier Voleur et son fils». Zaman (1,1 million d'exemplaires, porte-parole officieux de la Confrérie) titre à la une «Le tremblement de terre des écoutes se poursuit». Bugün (179 000 exemplaires, proche de la Confrérie) annonce «Les enr