Dans un livre très documenté, le spécialiste des questions militaires Jean-Christophe Notin revient sur le rôle clé de Paris dans la crise ivoirienne et la chute, en avril 2011, de l’ex-président Laurent Gbagbo. L’auteur montre que les forces françaises ont fait face, à Abidjan, à une résistance plus farouche que ce que l’on savait jusqu’à présent.
On apprend ainsi que Paris n'avait pas bien anticipé la gravité de la crise postélectorale, fin 2010 : une intervention n'était «nullement envisagée», car «l'ambiance était à l'optimisme», explique un officier. Pour faire rendre gorge à Gbagbo, qui refuse de reconnaître sa défaite électorale, tout en évitant de jouer les premiers rôles, Paris mise d'abord sur l'étranglement économique, via une action discrète au sein des institutions financières internationales. Abidjan riposte en tentant de couper l'approvisionnement en carburant de l'ONU et de la force Licorne. L'armée française trouve la parade, raconte Notin, en acheminant par camion de l'essence depuis Bouaké, situé en zone «rebelle». Autre révélation : c'est la Direction générale de la sécurité extérieure qui a aidé Ouattara à monter sa chaîne de télévision dans son QG de l'hôtel du Golfe, à Abidjan.
Mais Gbagbo résiste. Début avril 2011, la situation s’est fortement dégradée, les hélicoptères français passent à l’action avec le feu vert de l’ONU. Non sans mal. Une tentative d’exfiltration de l’ambassadeur britannique tourne presque à la catastrophe : les qua