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A Donetsk, «les gens parlent russe mais se sentent ukrainiens»

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Dans la grande ville industrielle de l'est de l'Ukraine, les mineurs et ouvriers qui courbent l’échine dans les usines du Donbass attendent de voir dans quel sens le vent va tourner.
Rassemblement pro-Kiev mercredi soir à Donetsk. (Photo Alexander Khudoteply. AFP)
publié le 6 mars 2014 à 17h11
«Fascistes, bandits, pédérastes !»

Une vieille femme s’époumone derrière le fin cordon de police qui coupe en deux la place Lénine, en montrant du doigt une forêt de drapeaux jaunes et bleus. Un peu plus loin, des jeunes hommes athlétiques portent les couleurs de la fédération de Russie, et même quelques bannières rouges de l’ancienne Union soviétique. Mercredi soir, dans le centre de Donetsk, deux groupes de plusieurs milliers de personnes se sont fait face: invectives, noms d’oiseaux et jets d’œufs, des échauffourées qui se sont rapidement apaisées.

«L'Ukraine est une et indivisible. L'Est du pays soutient la révolution et le nouveau gouvernement, tous ceux qui portent le drapeau russe viennent de l'autre côté de la frontière, ce sont des provocateurs payés par Moscou», assure Svetlana. Elle-même admet avoir fait le voyage depuis Kiev pour participer au rassemblement. Après deux heures de tensions, la police est peu à peu parvenue à disperser les manifestants des deux camps. Sur les trottoirs, les badauds, bien plus nombreux, observaient la «bataille» de la soirée.

A Donetsk, la capitale de la région industrielle du Donbass, fief de l’ancien président Viktor Ianoukovitch, on retient son souffle en attendant de sentir dans quel sens le vent soufflera. Dimanche 2 mars, Oleksandr Turchynov, le président ukrainien par intérim, a choisi de confier les clefs de la région au milliardaire Sergeï Taruta, président du conseil de direction de l’Union industrielle du Donbass (ISD). L’homme, qui a fait fortune da