Le drapeau russe et même celui de la Transnistrie (petite république pro-russe autoproclamée aux dépens de la Moldavie) flottaient hier aux fenêtres de l’administration régionale de la ville de Louhansk, au cœur du pays minier, dans l’extrême est de l’Ukraine, à un jet de pierre de la frontière russe. Dans l’après-midi, quelques centaines de manifestants pro-russes ont investi le bâtiment sans que les forces de l’ordre n’opposent la moindre résistance. Un peu plus tôt dans la journée, des échauffourées avaient opposé deux groupes rivaux, l’un portant les couleurs jaune et bleu de l’Ukraine, l’autre le drapeau tricolore de la Russie.
Mais, au lendemain de la Journée des femmes, toujours très célébrée dans les pays de l'ancien bloc soviétique, les habitants de la ville sont plus nombreux dans les magasins de fleurs que dans les cortèges. «Vous savez, ce que veulent les populations du Donbass, c'est surtout pouvoir vivre et travailler en paix, explique le journaliste Alexandre Belokobilski. Bien sûr que tout le monde se sent proche de la Russie. Certains espèrent aussi une décentralisation et plus de pouvoir pour l'est de l'Ukraine. Mais ceux qui souhaitent que la région passe en Russie sont extrêmement minoritaires.»
D’épaisses fumées noires s’étalent paresseusement dans la plaine vallonnée du Donbass. Un anticyclone venu du nord a nettoyé le ciel durant la nuit, un soleil d’hiver découpe sur le bleu de l’horizon les cheminées des usines et les cubes de béton d