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Libération
TRIBUNE

Les cendres de l’Holodomor frappent à mon cœur

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par Galia Ackerman
publié le 11 mars 2014 à 18h06

Ces dernières semaines, à l’occasion des événements en Ukraine, j’ai été invitée sur différents plateaux de télévision où les responsables de programmes ont cherché à équilibrer le débat en invitant des «pour» et des «contre». J’ai entendu des arguments de la part de plusieurs Français, invités comme moi, qui acceptaient docilement la partition qui menace l’Ukraine. En substance, ils disaient qu’il ne fallait pas chatouiller l’ours russe, que la Crimée était historiquement russe et l’est de l’Ukraine russophone, que l’Europe n’avait pas à délivrer à l’Ukraine des promesses qu’elle ne pouvait tenir, et j’en passe. Avec quelques soupirs et des considérations dites géopolitiques, ils concédaient à la Russie des droits «historiques» sur l’Ukraine d’après les lignes de partage entre les Empires russe et austro-hongrois d’avant la Première Guerre mondiale. Sur les plateaux de télévision, le temps nous est compté. J’aimerais donc apporter, par écrit, quelques précisions sur cette Ukraine «russe» ou «russophone».

Commençons par la Crimée qui fut peuplée de tribus turques et tatares depuis des temps immémoriaux. Peu à peu, sous l’influence de vagues d’immigrants et de conquérants, turcs et mongols, le peuple particulier des Tatars de Crimée s’est formé qui possédait son propre Etat, le khanat de Crimée, de 1441 à 1783. Se trouvant sous protectorat de la Porte, ce khanat fut détruit par les troupes russes qui ont d’abord brûlé et saccagé la partie intérieure de la Crimée, en 1736, puis