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Libération

Vladimir Poutine et le coup d’après

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publié le 11 mars 2014 à 18h06

Jusqu’ici, tout va bien pour Vladimir Poutine. Alors même qu’il avait perdu ses soutiens dans la jeunesse urbaine et les nouvelles classes moyennes, que cette érosion de son électorat se faisait également sentir dans les zones rurales et que le recul de la croissance ne lui annonçait rien de bon, le voilà soudain redevenu populaire.

Grâce à la crise ukrainienne, Vladimir Poutine s'est refait le vengeur d'une nation amputée de pays qui avaient fait partie de l'empire russe bien avant d'être devenus des Républiques soviétiques. Par la langue, l'économie et d'innombrables mariages mixtes, cet empire avait fini par constituer un continuum qui ne se réduisait plus à une simple colonisation mais formait, de fait, un seul pays. Staline était géorgien. Khrouchtchev était ukrainien et j'entends encore cette figure du cinéma russe à la fibre tellement européenne me dire, après l'éclatement de l'URSS : «Oui, d'accord, mais la Crimée était, tout de même, notre côte d'Azur…» - ce qu'elle était en effet.

Alors oui, parce que la Crimée n’était ukrainienne que depuis la décision de Khrouchtchev de la déplacer, en 1954, d’une République soviétique à l’autre, qu’elle était historiquement russe et qu’un très grand nombre de ses habitants sont russes ou se considèrent comme tels, la majeure partie de la Russie est aujourd’hui reconnaissante à son président de la lui rendre.

Ce qui est une annexion au regard du droit est une restitution aux yeux des Russes. On ne saurait sous-estimer cette